jeudi 1 décembre 2011

Meir Dagan, sauveur de l’Etat d’Israël ?


L’ancien militaire et directeur du service de renseignement israélien (Mossad) s’est lancé un nouveau défi. A savoir, sauver l’état d’Israël de lui-même en créant un « (…) mouvement populaire visant à opérer un changement rapide du régime politique actuel » car celui-ci « (…) constitue une menace pour l’avenir de l’Etat, et son maintien inchangé conduira à sa perte ».

Selon Meir Dagan, ce seraient les petits partis qui par leur poids indéniable dans le système électoral à la proportionnelle quasi intégrale rendrait le système politique instable et donc dangereux pour le pays. Si sa décision a tout d’un acte politicien, ce régime politique, cependant, existe depuis la renaissance de l’état juif et n’a point entraver un développement continu et envié malgré les guerres militaires, diplomatiques et économiques qu’il subit encore de nos jours.

Son système électoral autorise une fois tous les quatre années au maximum -lorsque la durée de la législature est respectée- la représentation la plus fidèle du corps électoral. Obligation est donc faite ensuite aux responsables des partis d’établir une coalition de gouvernement obtenant au minimum soixante et un sièges, soit la majorité absolue des élus et, en conséquence, celle de la population.

Une coalition politique contraignant ainsi les partis à s’entendre perpétuellement, sauf à dissoudre la Knesset et retourner s’enquérir du verdict du peuple. Ce qui est, à n’en pas douter, la base de la démocratie et évite à celle-ci de se déliter par un système rigide où l’électeur n’est consulté qu’épisodiquement et à date fixe.

Une alliance qui impose également à ces partis gouvernants un respect constant de leurs propres électeurs. Sauf à risquer d’être délaissés et marginalisés lors de prochaines élections, voire de disparaître s’ils acquiescent à un programme différent sans leurs accords.

Enfin, une entente politique devant servir le débat perpétuel pour convaincre jusqu’à l’obtention d’une majorité sans laquelle nul dossier ne verrait son aboutissement.

Bref ! Un pacte de gouvernement garantissant au peuple qu’il est bien le patron et les élus ses serviteurs. Partage des rôles que l’on ne trouve nulle part dans un système majoritaire où les députés n’ont aucune incertitude quant à leur propre avenir pendant toute la durée de leur mandat et quel que soit la loi qu’ils auront soutenue. Le peuple étant tenu par son choix pendant le laps de temps déterminé par la législation, il ne lui restera plus alors que l’option de la manifestation ou celle de la frustration de voir son bulletin de vote dévalué voire ignoré. Ce qui encourage immanquablement les extrêmes ainsi que l’abstention et décompose lentement mais surement la démocratie par manque de discussion.

A titre de comparaison entre les deux systèmes politiques, Meir Dagan devra convaincre une majorité d’élus mais aussi du peuple avant d’obtenir toute modification légale. François Mitterrand, quant à lui, lors de son premier mandat de président et au plus bas des sondages d’opinions, par sa majorité acquise précédemment n’a guère hésité à modifier la loi électorale pour éviter une déroute législative au Parti Socialiste en 1986.

Changement inutile qui n’a pu empêcher le basculement de la majorité parlementaire ni l’entrée dans l’hémicycle du parlement de trente-deux députés du Front National. Exemple parfait d’un calcul politicien qui n’avait strictement rien à voir avec les besoins immédiats du peuple.

Si l’élection à la proportionnelle intégrale possède, certes, des inconvénients, à la différence du scrutin majoritaire il n’a pas celui d’ignorer les mandants. Ce qui n’est pas la moindre de ses qualités.

10 commentaires:

Marcoroz a dit…

Seigneur, sauvez-nous de nos sauveurs!

Anonyme a dit…

On pourrait discuter à l'infini les avantages et les inconvénients des scrutins majoritaire et proportionnel et leus exécutions, découpés, centraux, etc. Cela fait partie des différents régimes de démocratie.
Le scrutin à la proportionnelle nationale en Israël a toutefois quelques gros inconvénients, il divise trop et empêche l'Etat de mener des réformes capitales depuis sa création.
Par exemple, établir enfin une grande constitution et nons des chapitres constitutionnels, par exemple et surtout se débarasser de la pression des partis ultra-orthodoxes minoritaires qui bloquent des avancées dans le domaine du sécularisme ou de la laïcité. Là aussi on peut en discuter à l'infini, en tout cas Méïr Dagan n'a pas tort d'évoquer ce problème. Est-il ensuite le "sauveur de l'Etat d'Israël", ça on est plus en droit d'en douter, pas seulement sur ce sujet.

Cordialement.
francisinfo.wordpress.com

Victor PEREZ a dit…

Francisinfo,

Les uns veulent se débarrasser de la pression des Ultra-orthodoxes. Les autres de celle des gauchistes qui eux-mêmes veulent se débarrasser de la pression de la droite... etc...

Pour moi ce n'est pas de la démocratie mais la dictature du plus grand nombre.

C'est ce qui se passe en France où le Président se prend pour le roi et les députés pour ses serviteurs attendant tout de lui et non plus du peuple.

A tout choisir, je préfère nettement le système israélien avec tous ses défauts.

Anonyme a dit…

Loock dit : Mr PEREZ vous ne pouvez absolument pas faire la comparaison entre votre pays et le nôtre ! lorsque vous voulez empêcher un individu de s'exprimer cela s'appelle du terrorisme intellectuel et pas très démocratique / lors de commentaires ou débats si la vérité vraie est tronquée, déviée dans un but précis, il ne faut pas se plaindre des conséquences /c'est aux électeurs de prendre les mesures qui s'imposent à chaque vote ou par référendum si celui-ci existe ? salutations

Anonyme a dit…

loock je vois que mon message peut déranger merci mr le modérateur dommage car j'apprécie les commentaires mais comme toujours ? je pense partir de ce site et oublier...

Daniel SOSKIN. a dit…

Cher Victor,

Voilà un bon moment que je ne suis pas passé débattre avec toi, mais n'en déduit pas pour autant que je ne lis plus tes nombreuses publications, ton oeuvre commence à être tout à fait impressionnante.

Aujourd'hui, tu touches un sujet israélo/israélien qui m'intéresse particulièrement et ce depuis de très nombreuses années.

Cela étant, tu le fais de façon assez manichéenne et des situations en leur donnant un sens exactement contraire à leur réalité.

D'abord, cher Victor, le choix n'est pas uniquement entre une proportionnelle intégrale du type israélien et un système à la française, mais il existe une voix intermédiaire de srcutin agrémenté d'un taux de proportionnelle comme celui qui a cours en France à l'occasion des municipales et qui permet de dégager une majorité tout en permettant la présence de tous les courants d'expression, pourquoi ne l'as-tu pas évoqué ?

Ensuite, juste pour agrémenté ma position, je voudrai te rappeler que justement, c'est l'introduction de la proportionnelle qui a valu l'arrivée dans l'hémicycle du palais Bourbon un nombre important de députés d'un courant que pourtant nous réprouvons tous ici pour ses origines, ses idées souvent nauséabondres et les petits mots assassins de son ex-président auto proclamé de façon pour le moins monarchique.

Enfin, toujours très cher Victor, l'une des tares majeures du système à la proportionelle intégrale, outre la difficulté qu'il apporte à former une majorité claire, lisible et pérenne sur la durée du mandat, est justement qu'il génère plus que n'importe quel autre sytème un désintérêt des élus pour la respublica au profit de luttes permanentes au sein de chaque parti pour que l'élu espère au prochain suffrage figurer, non pas sur la liste, mais y être à une place éligible.

Il passe ainsi plus son temps à oeuvrer pour lui-même plus que pour le pays.

Enfin Victor, je trouve plutôt sain qu'un pays, vivant dans les conditions que nous savons soit capable de débattre sur son système politique, Meïr Dagan nous donne là plus une image d'équilibre mental qu'autre chose, aucun système ne peut être interdit de critique et de remise en cause, c'est justement là la définition même de la démocratie.

Très cordialement et un bonjour particulier à mon ami Marcoroz.

Victor PEREZ a dit…

Look,

Et pour quelles raisons ne puis-je faire de comparaisons ?

Où avez vous vu que je souhaite museler Meir Dagan ?

Quant à la censure...

Victor PEREZ a dit…

Daniel,

Il n'était pas question dans mon article d'évoquer toutes les possibilités d'élections. Elles sont trop nombreuses pour ce faire.

Sur le fond, à chaque fois que l'on s'éloigne de la proportionnelle intégrale, on restreint le débat. Ce qui est anti-démocratique.

L'arrivée du FN dans l'hémicycle n'était du qu'au bon vouloir du souverain Mitterrand et non pas à la volonté du peuple. Une arrivée qui n'était que politicienne et non pas le respect d'un droit.

Pour ce qui est des inconvénients de la proportionnelle, seuls les projets ayant une majorité sont mis en oeuvre. Ce qui fait que le peuple n'a guère besoin de manifester ou si peu.

Pour ce qui est du système majoritaire, seuls les projets intéressants le gouvernement en place, souvent en baisse dans les sondages, sont mis en oeuvre.

Ce qui oblige le peuple à manifester très souvent et à utiliser des grèves qui ressemblent à des prises d'otages puisqu'ils ne peuvent obtenir la démission de ce gouvernement.

Ce qui est à l'opposé du système proportionnel car il suffit qu'un petit parti s'en aille pour obtenir des élections et le verdict du peuple. Ce qui démontre que l'élu, à travers son parti, a tout intérêt à satisfaire l'électeur et non pas penser à sa réélection comme tu le simplifie dans ton commentaire.

Amicalement

Eli LAIK a dit…

Eli LAIK,

Bonjour Victor, nous sommes en général sur la même longueur d'onde, sur tous les sujets relatifs à la politique internationale ou nationale d'Israël, ici j'aimerai apporter un bémol, car je suis un chaud partisan d'un changement de mode de scrutin, je pense à un scrutin comparable aux municipales en France, c'est à dire à la majorité, avec une dose de proportionnelle, cela apporte une proximité aux députés qui sont élus par les électeurs de son canton, ils sont donc responsables devant des électeurs connus. L'avantage, est que le pays peut mener alors des réformes dignes de ce nom, et ne soit pas régi par le système du vote donnant donnant, je vote pour ce dossier en compensation, tu me donnes ceci. Ce système c'est tout sauf de la démocratie.
Je m'insurge contre la phrase prononcée par Anonyme qui parle de (votre pays) ton pays, c'est Israël, même si nous avons une double nationalité, nous vivons ici. C'est l'auberge espagnole, chacun n'y trouve que ce qu'il apporte. Nous avons connu en France les délices de la 3ème et de la 4 ème République, où le seul engagement des députés c'était: ne jamais faire sauter un gouvernement avant 48 heures. Car après deux jours, les ministres étaient assurés de percevoir leur retraite.
Nous aurons demain soir à 20 heures à Ashdod à l'espace francophone la conférence d'Emmanuel NAVON qui viendra débattre de ce sujet.
Shabbouat Tov.

Eli

Victor PEREZ a dit…

Eli,

Aucun député ne sera responsable devant les électeurs qui l'ont élu. Ils en changera si nécessaire en allant sur les terres des partis voisins. L'exemple de Sarkozy en est la parfaite démonstration. Les Juifs l'ont appuyé et maintenant ils se sentent trahis.

Par ailleurs, faut-il mieux élire un bonhomme ou un programme ?

Il est vrai que dans un système majoritaire le pays est stable, mais est-il bien gouverné au plus proche des préoccupations du peuple ? Rien n'est moins sûr, il suffit de voir dans quelle situation se trouvent les pays européens.

Pour ce qui est du système proportionnel, les partis ne peuvent changer d'électeurs, ils sont donc tenus par leur programme et consentent difficilement à en changer sans contrepartie. Ce qui satisfait en général le peuple et n'empêche nullement le pays d'avancer.

Emmauel Navon est un partisan du système majoritaire. Il se trompe énormément s'il croit que le peuple l'acceptera.