mardi 23 février 2010

L’Europe, partenaire obligée ?

Bernard Kouchner et Miguel Angel Moratinos, respectivement ministres des Affaires étrangères de la France et de l’Espagne ont publié une tribune dans le quotidien Le Monde intitulée « A quand l’état palestinien ? ». Une tribune qui n’est, à première vue, qu’un appel à l’unité européenne en vue de faire naître cet état aux forceps s’il le faut, car, selon eux, il en ‘’va de la sécurité de l’Europe à long terme’’. Au moins les choses sont dites !

Ce qui prête cependant à sourire dans le texte, est l’analyse que ces deux ministres font du conflit. A lire leurs cartes de visites si prestigieuses on est ébahi que tant de ‘’bourdes’’ parsèment leurs ‘’pensées’’. Pensent ils sincèrement que leurs lecteurs seront tous grugés par leur aplomb politique à faire avaler des contre-vérités ? Croient-ils eux-mêmes à ce qu’ils écrivent où se bercent-ils d’illusions ? La perplexité sera ici de mise.

Après avoir noté « l’incontestable succès, sans précédent, s'agissant d'une conférence de donateurs, de la conférence de Paris qui a donné lieu au décaissement effectif de 5,5 milliards de dollars » pour l’état ‘’palestinien’’, les deux globe-trotters des affaires proche-orientales ont écrit, sans trembloter, que l'Autorité palestinienne avait engagé en parallèle « un train de réformes solides et crédibles, fondées sur la transparence financière et la lutte contre la corruption ». Pas moins !

Sauf que, Fahmi Shabaneh, un ancien responsable des services de renseignements ''palestiniens'' déterminé à lutter contre la corruption, atteste ces jours-ci sur les ondes israéliennes, preuves à l’appui, que cette dernière « gangrène l'Autorité palestinienne et touche de près les propres fils de M. Abbas ». Un Fahmi Shananeh accusé, depuis, de « collaboration avec Israël » et qui a un mandat d’arrêt lancé à son encontre. Gros point noir venant préciser, de surcroît, le manque de transparence et de démocratie de l’AP.

Un autre point que ces deux diplomates, mais pas seulement, n’osent point aborder de front est la réalisation de la garantie de l’identité juive qu’ils accordent cependant volontiers à l’état d’Israël.

« Le temps est donc venu de donner des assurances aux parties sur le caractère irréversible du processus que l'Europe souhaite engager. Au peuple israélien, il faut l'assurance que sa sécurité et son identité juive seront garanties; au peuple palestinien, il faut la certitude de recouvrer la dignité en gagnant le droit de vivre dans un Etat viable, démocratique et indépendant ».

Si la viabilité de la ‘’Palestine’’ peut être envisagé, grâce entre autre à l’aide internationale, on reste circonspect quant à l’espérance de démocratie et d’indépendance de ce futur état.

Pour ce qui est de la sécurité de l’état d’Israël, tout individu honnête sait qu’elle se réalisera uniquement lorsque la communauté musulmane reconnaîtra son rôle intangible de refuge pour le peuple juif. Il est donc primordial, pour que la paix s’installe, que tout négociateur occidental désireux de jouer un rôle dans le processus de paix impose de prime abord l’annulation de l’exigence arabe d’un droit de retour des ‘’réfugiés’’ au sein même de ce pays.

Malheureusement, jamais encore un ministre en exercice, encore moins un président, n’a osé exprimer publiquement cette évidence. Kouchner et Moratinos, comme tant d’autres, se limitent, à chaque écrit ou interview, à réciter vaguement l’exigence israélienne sans y apporter LA solution. Ce qui est loin, on l’admettra, de contribuer à la venue d’une paix juste et durable en cette région.

Suite à cette triste constatation, il est donc de bon ton de s’interroger alors sur l’utilité de cette énième tribune inefficace à la venue de la paix ? Sa seule fonction logique semble être celle de rappeler aux belligérants, mais pas seulement, que l’Europe existe autrement que par les euros dispensés aux ‘’Palestiniens’’ et qu’elle désire être récompensée « par l'ouverture d'une réelle perspective politique ».

Bref ! Sous des vœux pieux recevoir l’autorisation d’organiser la poursuite de la parlotte en son sein. Ceci qui restera probablement aussi un vœu pieux.

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