samedi 19 février 2005

"Le plus mauvais Juif de France"

Comme pressenti, les ‘’Juifs de Salon’’ s’insurgent de ‘’l'immixtion’’ de Roger Cukierman dans le débat de la « politique arabe » de la France. Si ces derniers sont peu nombreux et dans l'incapacité de se constituer en organisation politique afin de contrer le Crif et démontrer, ainsi, le poids de leur propre représentativité, ils n’ont -par contre- nulle difficulté pour trouver des médias nationaux prêts à diffuser leurs ‘’vérités’’ dont tout un chacun peut se demander en quel nom elles s’expriment et tentent, de la sorte, de s’imposer à la communauté juive dans son ensemble.

C’est ainsi qu’Alain Minc -qui se définit régulièrement comme « le plus mauvais Juif de France »- affirme le 18 février dans un interview au Figaro ( publié dans la rubrique Débats & Opinions ) que le Président du Crif « a franchi la ligne jaune ». Le Président du conseil de surveillance du quotidien Le Monde se déclare « profondément scandalisé par ces déclarations. Le discours de Roger Cukierman devrait provoquer une indignation beaucoup plus massive. (…) la gravité des propos tenus pousse à réagir. Il n'est pas admissible que le président du Crif, au nom de la communauté qu'il croit représenter, ait prononcé des paroles si dénuées de mesure et de maîtrise de soi » (…) « Si l'on voulait réveiller le fantasme antisémite de la «double allégeance», qui empoisonne la relation des Français juifs avec leur pays depuis 1967, on ne s'y prendrait pas autrement. (…) Samedi dernier, M. Cukierman s'est comporté comme un ambassadeur in partibus de l'Etat d'Israël » (sic).

C’est bien connu, et les extrémistes bruns verts rouges ne diront guère autre chose : ‘’ l’antisémitisme n’est que le sentiment résultant du comportement désastreux du Juif ’’. Plus exactement, préciseront ils, de l’attitude de ce Juif qui ose prétendre qu’il est un citoyen à part entière, qui possède le droit régalien de dire, aux gouvernants, ce qu’il pense du devenir de la société qu’il contribue, comme tout autre, à faire prospérer. Pour Alain Minc, le Juif Français se doit d’être, en conséquences, discret, voire prouver son attachement indéfectible à la société qui le ‘’nourrit’’, quitte -pour cela- à renoncer aux autres valeurs qui sont les siennes.

En extrapolant ce qu'assure ce Français juif, il est donc loisible d’affirmer que les Juifs Français n’auraient pas dû, par exemple, répondre le 7 avril 2002 à l’appel de l’organe politique du Crif à manifester ( par dizaines de milliers dans les rues de France ) à la fois « Contre l’antisémitisme et le soutien à l’état d’Israël ». De surcroît en brandissant les deux drapeaux français et israélien. Manifestation de colère contre cet antisémitisme que les plus hautes autorités françaises -dont Jacques Chirac- ‘’peinaient’’ alors à percevoir, mais aussi en faveur de cet état d’Israël qui comptait déjà, par dizaines, le nombre de crimes contre l’humanité commis contre son peuple.

On peut imaginer, encore, que les Juifs Français n’auraient pas dû soutenir le réquisitoire du président du Crif contre la collusion des extrémistes brun vert rouge dont l’antisionisme n’est qu’une de leur raison de vivre.On peut concevoir, également, que ces Juifs de France n’auraient pas dû accepter que les représentants de l’organe politique qui les représente sillonnent les rues de Paris dans un bus afin de pétitionner et obtenir, finalement, que cesse la diffusion de la chaîne antisémite Al-Manar en France, mais aussi en Europe.

Toutes actions, parmi tant d’autres, que les Juifs de France ont pleinement cautionné, et qui démontre -ainsi- leur refus de tout diktat de la part de leurs ‘’coreligionnaires’’ qui ambitionnent quelques carrières privées plutôt que la défense des valeurs communes qui composent la communauté. Diktat qui leur impose, de facto, de choisir entre le pays des lumières qui est celui de leur naissance et la culture pluri-millénaire de leurs pères dont le berceau se trouve en Israël. Pays et cultures indissociables pour le Juif Français.

Pour finir son entretien au Figaro « le plus mauvais juif de France » s’étonne « qu'une faute si manifeste de jugement et une défaillance si patente de discernement n'incitent pas davantage de représentants de la communauté juive à exiger la démission de Roger Cukierman ». Démission, bien sûr, inenvisageable pour les Juifs Français qui jugent la politique du Crif conforme aux valeurs qui sont les leurs, et qui n’oublient pas qu’Alain Minc préside le Conseil de surveillance du quotidien Le Monde qu’ils surnomment plus volontiers « l’Immonde ».

Présidence qui confirme que nul Juif Français n’avait pensé le recenser comme membre de la communauté.

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